« À minuit, on émettait pour entonner des chants de marins » - Le Télégramme
Crèche du Musée des Thoniers à Etel - Photo Le Télégramme
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Article Le Télégramme de ce jour - Page Auray
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« À minuit, on émettait pour entonner des chants de marins »
En collaboration avec le Musée des thoniers d’Etel, nous vous proposons, pendant cette période de fêtes, des témoignages de marins et de gens de mer, avec des histoires de Noëls pas ordinaires. On se calfeutre aujourd’hui dans un phare, en attendant que le gros temps s’apaise et qu’il laisse passer le traîneau du Père Noël. 2/8 Noëls en mer « Je me souviens d’un Noël aux Pierres Noires, lors d’une tempête de Suroît avec faible coefficient. Le cagibi n’était pas accessible. Je m’étais fait une raison : je ne descendrai pas à Noël… Le mercredi, jour de relève, le vent a tourné et la houle s’est apaisée. Nous avons pu rejoindre le continent ». Jean-Yves Le Bars, agent du Service Phares et balises, a passé quelques réveillons solitaires en pleine mer. Ses souvenirs, il les a transmis au Musée des Thoniers d’Etel, qui présente cette semaine, en accompagnement de ses collections de crèches de Noël, une série de témoignages sur ces instants de fête pas comme les autres. Le fonctionnement d’un phare en mer nécessitait une équipe de deux permanents. « Le bon fonctionnement des phares était basé sur la conscience professionnelle des agents qui faisaient leur service jour et nuit, par quart, en se succédant pendant des périodes de quinze jours. Chaque phare avait son jour de relève : le mardi, c’était l’Ar-Men et La Vieille ; le mercredi, les phares des Pierres noires et Le Four ; le jeudi, Kéréon et La Jument ; le vendredi le phare de l’île Vierge ». Le Père Noël passait par la jetée et non la cheminée Durant les fêtes, le service des Phares et balises avait organisé les tours de garde en mettant si possible des hommes mariés à terre pour Noël et les célibataires pour les fêtes du Nouvel An. « Certains phares comme les Pierres Noires étaient ravitaillés par l’accès sur un rocher intermédiaire, qu’on appelait le cagibi, et qui communiquait avec le phare par un téléphérique ». Quand la mer consentait à descendre suffisamment, les rochers découverts formaient une jetée naturelle. « Par coefficient au-dessus de 60, la relève était possible. Le gardien « montant » amenait le ravitaillement nécessaire pour le réveillon. Le menu avait été choisi d’un commun accord avec le collègue. Certaines mairies et les commerçants où l’on se fournissait offraient un panier avec quelques douceurs ». Hélitreuillé sur La Jument avant Noël Pour appeler cet esprit de fête, Jean-Yves Le Bars et ses collègues mettaient des paillettes dans l’œil de la mer : « La cuisine était décorée de guirlandes d’ampoules et d’un petit sapin qui reste toujours rangé dans un carton. La salle radio était aménagée pour passer le réveillon. À la vacation radio de 16 h 15, le chef de service souhaitait de bonnes fêtes de fin d’année et un joyeux Noël. À minuit, l’ensemble des phares émettaient pour échanger les bons vœux et entonner des chants de marins. À l’arrivée du téléphone, la famille, les amis et les médias appelaient les agents aux phares ». « En 1989, durant la tempête qui avait ravagé le phare de La Jument, j’ai été hélitreuillé une semaine avant Noël pour rejoindre les collègues au phare avec des vivres et du matériel afin de remettre en état le bâtiment et continuer le service. Le treuil de ravitaillement était tordu, le hublot de la cuisine était à colmater, beaucoup de dégâts à réparer. La veille de Noël, nous avons été hélitreuillés par l’hélicoptère Dragon 29 ». La tempête aura une influence sur l’automatisation des phares, celui de La Jument le sera en 2004.
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Joyeux Noël à tous
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